Panache et légèreté
À l’époque, le peintre Jean-Jacques Henner prit pour modèle une jeune fille surnommée Joyce, Georges Sand et Frédéric Chopin étaient amants et Alexandre Dumas écrivait dans un appartement décoré par Eugène Delacroix. Ce quartier, c’était celui de La Nouvelle Athènes, baptisé ainsi par le journaliste Dureau de la Malle, tant l’endroit était empreint de références à l’Antiquité grecque et à l’art en général.
C’est cet esprit bohème et artistique, non dénué d’une touche de modernités, que l’architecte designer Philippe Maidenberg a insufflé au dernier du groupe Astotel, le Joyce.
Un desk composé d’un assemblage de mini tours Eiffel laquées, 3 horloges dessinées par Georges Nelson dans les années 50 indiquant l’heure qu’il vous plaît – Paris, Somewhere, Moon – et un fauteuil africain de Cheick Diallo, voilà pour la préface. Un parquet scintillant conduit à un petit salon et à une salle lumineuse coiffée d’une verrière gigantesque où un nuage de fortune fait la pluie et le beau temps… Dans cette salle habillée de sièges en cuir de voitures Rover récupérés d’écrans diffusant des nuages qui défilent, de murs de soliflores et de miroirs inclinés, l’impression se précise : elle est exquise.
Le décorateur s’est à l’évidence amusé. L’amusement d’un créatif qui regarderait le monde à travers la lentille du spectacle et celle de la mise en scène. Pour les chambres, le regard est le même ; sur les murs, les tétes de lit et des étagères remplies de livres ont été dessinées sur-mesure à l’ordinateur et une grande partie du mobilier a été conçue par Philippe Maidenberg, notamment les bureaux impeccables et la moquette créée à partir d’un scan d’un costume Prince de Galles. Sans oublier de belles signatures : miroirs joliment incongrus Mosh-Umbra, poétiques carreaux des salles de bain Fornasetti, tables de chevet Conran…
L’esprit est à la blague celle mais d’un potache très éclairé. Le tout résiste au bon goût, celui des mélanges justes et de l’équilibre délicat des tons et couleurs. Entrez donc dans une chambre avec vue sur les toits de Paris, certes petite mais cosy, et revivez avec panache et légèreté, en un clin d’oeil malicieux, le Paris d’hier et d’aujourd’hui,
Fabienne Dupuis